vendredi 31 août 2012

SMS sans point d'exclamation


Du cannibalisme

Le dimanche, vêtu d'une chemise empesée immaculée, je regarde le boucher dépecer et tailler dans la viande. J'écoute la résonance du billot.
J'ai du respect pour celui qui fait taire la bête.

mardi 28 août 2012

Lune rose sur Mont Rainier par nuit étoilée

St Vincent


Box coffret cadeau

Il était temps de recharger les accus et nos extensions: ordinateur portable, smartphone, tablette tactile.
Tout se connectait sur une même prise et alimentait notre charge de travail.
Plus de temps mort: le repos était devenu une émulsion du temps de travail.
Et lors du repos dominical, le prêtre, un contremaître.

vendredi 24 août 2012

Le violon d'Ingres

Laura Antonelli, in Ma femme est un violon, 1972
Son oeuvre était une supercherie.
Man Ray avait confondu le violon avec un violoncelle.
Et personne ne s'aperçut que sa femme était en réalité un chapeau.

La salsa du démon


jeudi 23 août 2012

Vices en série

Illustration de Matt Taylor, MadMen
La série est une simple mise en scène d'une vie répétitive pleine d'ennui. 
Et pourtant, ce matin, en franchissant le palier, cela me parut manifeste: 
c'est la récurrence même qui permet un changement insignifiant. 
Et  mon enthousiasme se cacherait alors dans le pli de cet invariant. 

mercredi 22 août 2012

Une méchante impression

A descendre ainsi chaque jour dans la fosse, les mineurs sud- africains avaient l'impression de se prostituer.
Tout ceci valait bien une tuerie.

mardi 21 août 2012

La géopolitique des dunes

Tu l'avais bien compris,
plus jamais tu ne vivrais en noir et blanc.
Tu tirais donc profit de la caresse du soleil:
là une pièce de maillot, ici un bout de peau déluré;
et puis tout s'inversait en tissu nuancé.
A la nuit tombée, tu dressais le bilan des effets chimiques de la lumière.
Les teintes mordorées se dévoilaient alors sur ton corps,
et j'en appelais à ta photogénie.

lundi 20 août 2012

Hygiénisme du pique- nique

Nusch, Paul Eluard, Roland Penrose, Man Ray, Ady Fidelin par Lee Miller,, 1937
Avec nos sylphides, nous consommions quelques baies sauvages cueillies à même les haies, nous délections de vins naturels sans sulfites; nos gosiers souriants absorbaient l'air pur piégé sous une canopée: tout contribuait à laisser le plaisir pénétrer les pores de la peau. 
Et la poésie somnolait dans la fibre des arbres.

Le dîner de Tom


dimanche 19 août 2012

Canicule

« Prends feu avec enthousiasme et les gens viendront de loin pour te voir brûler. »
John Wesley

vendredi 17 août 2012

China International Trust and Investment Corporation

Banquiers, promoteurs immobiliers et membres du gouvernement avaient réussi à donner vie à leurs arrière- mondes.A la force de leur idéalisme, ils avaient érigé une ville fantôme. Des classes moyennes viendront bientôt l'habiter.
500 000 âmes déjà mortes.

jeudi 16 août 2012

Bouteille à la mer

"Nous sommes pour moitié ce que nous sommes et pour moitié ce que nous pensons être. Dans le torrent une moitié parvient à la rive, l'autre se noie." 
Fernando Pessoa

lundi 13 août 2012

Protection rapprochée en GR

Tous nos voyages partent d'une carte érodée 
Avec profusion d'anses, de caps, de criques
Ton corps gracile ouvre un sillon
Vers une géographie des sentiments 
Et après quelques langueurs en apnée
Tu mets un point d'honneur
A retrouver le luxe
De notre chambre d'hôtel.

vendredi 10 août 2012

Bon débarras (l'humanité disparaîtra)


Sur la route


Arrasate Mondragon

Desiderius Helmschmid, Helmet of Emperor Charles V, c.1540, Patrimonio Nacional, Real Armería, Madrid
On avait volé la lumière dans la ville basque
Et plus une officine ne délivrait de mandragore
La foule défilait en boucle dans la ville close
Arrasate Mondragon rugissait Iosu
Qu'on libère de ses fers 
Iosu s'apprête à déposer le souffle
Aussi transparents que des étrangers
L'ire d'Arrasate nous transperçait de son écho
La ville portait haut le masque de la guerre.

jeudi 9 août 2012

Une place au soleil

Georges Stevens, A Place in the Sun, 1951
"Encore frissonnant
Sous la peau des ténèbres
Tous les matins je dois
Recomposer un homme
Avec tout ce mélange
De mes jours précédents
Et le peu qui me reste de mes jours à venir"
J.Supervielle, La fable du monde

Tout près de la fosse


Le vieil homme a transformé une pièce désaffectée en une modeste échoppe, et seul son buste s'en sort. Avec quelques doigts raccommodés de pansements ivoire, il a fait de sa vie une grande œuvre: le cordonnier chaque jour coordonne les pas ressemelés aux pavés.
La vieille femme quant à elle continuait de vendre ses légumes au marché pour la peau du prix de sa vie, jusqu'à ce qu'elle s'abatte sur les pavés.

Médecine

mercredi 8 août 2012

Administration de la peur


« Ivre de vitesse et de mouvement, on dirait que la société tout entière s’est mise inconsciemment à tourner sur elle- même ; à la façon d’un avion qui serait entré en vrille au sein d’un banc de brume de plus en plus opaque. De cette ivresse- là, on ne s’évade qu’à la catastrophe, quand on s’est cloué, percutant le sol. »
Le Corbusier, Manière de penser l’urbanisme

Voilà l'été (4)




Principe de plaisir

Je pense avec regrets aux plis secrets de tes aisselles et au volume de tes hanches folles.
Je ne suis toujours pas parvenu à fixer l'indigo dans la splendeur des mots.
Peut- être pourras- tu enfin me pardonner cet amour de Beatnik?
Ici tout n'est plus que pandémonium.

mardi 7 août 2012

Barbotine

Willie avait vraiment le chic 
pour organiser des pique- niques.
au pied levé, je pris mon chat en take away
Sacha sous mon bras
et nous gagnâmes la villa pourpre
(Willie l'avait repeinte pour le contraste avec la mer)
Willie apprécia particulièrement notre air posé,
nous rasséréna de vin de pays et de rouget au barbecue
Nous ne nous attendions pas à un tel voyage;
il nous conta même la fabuleuse histoire de Smoke on the water.

vendredi 3 août 2012

L'habit par le siège


« Si vous avez en vue quelque entreprise, faites- en l’essai sous vos vieux habits. Ce qu’il faut aux hommes, ce n’est pas quelque chose avec quoi faire, mais quelque chose à faire, ou plutôt quelque chose à être. » 
Henry David Thoreau, Walden

jeudi 2 août 2012

Pessoa ne le dira à personne

Biblioteca do Palàcio Nacional da Ajuda Lisboa III, Lisbon, Portugal

On a beau retrouver ses auteurs et traduire les titres, il n’en demeure pas moins que l’on se sent étranger dans une bibliothèque en Estremadura. Les auteurs français sont devenus « étrangers » ; en rejoignant cette catégorie, ont- ils perdu leur singularité? 
Verlaine sonne Sageza, Proust l’Em busca do tempo perdido et le Marquês De Sade Os Infortunios da virtude. Et s’ils sont parvenus à rejoindre des auteurs grecs, américains et arabes, d’autres n’ont pas supporté cette migration forcée. Exit.
Lors de ce voyage dans une bibliothèque en Estremadura, je pensais donc à tous ces exilés de la littérature et me demandais finalement: comment dit- on Livre de l’intranquillité en portugais?

mercredi 1 août 2012

Vénitien


« L’exubérance maîtrisée de la blondeur est celle d’un sexe dompté mais toujours impatient. »
Norman Mailer