jeudi 31 mars 2011

Ceci n'est pas un pape du pop


Désormais nous nous en tiendrons à deux règles anthropologiques essentielles:
Si je te souris,  je ne te mordrai pas.
Si j'ai les mains dans les poches, je ne t'en mettrai pas une.

Fragments en tube digestif


Glose
Cessez de m'interpeller.
Je sais qu'il est de bon ton de donner son avis sur tout. Nous pouvons continuer à gloser et à nous entre- gloser.
Il est important que vous le compreniez.
Je souhaite me retirer.
Je ne sais pas parler!

Lapinisme
Quelle est la gêne?
Après avoir dit cela, et un bref instant de silence, le médecin de famille m'a regardé interloqué.
Je vous le répète: lorsque je fais l'amour, j'éternue systématiquement.

Déclinaison pour Allen
Il m'a dit: prends l'oseille et tire- toi. Cave canem...
Prends garde au chien. Je ne lui pardonnerai jamais cette erreur de grammaire.
Quel cynisme, dix chiens me sont tombés dessus à bras raccourcis!

La comtesse aux escarpins

Les chaussures du peinte, via Gry Vince

« Dans l'obscure intimité du creux de la chaussure est inscrite la fatigue des pas du labeur. Dans la rude et solide pesanteur du soulier est affermie la lente et opiniâtre foulée à travers champs, le long des sillons toujours semblables, s'étendant au loin sous la bise. Le cuir est marqué par la terre grasse et humide. Par-dessous les semelles s'étend la solitude du chemin de campagne qui se perd dans le soir. A travers ces chaussures passe l'appel silencieux de la terre, son don tacite du grain mûrissant, son secret refus d'elle-même dans l'aride jachère du champ hivernal. À travers ce produit repasse la muette inquiétude pour la sûreté du pain, la joie silencieuse de survivre à nouveau au besoin, l'angoisse de la naissance imminente, le frémissement sous la mort qui menace. »
Extraits de Chemins qui ne mènent nulle part (Gallimard). Heidegger

Nous allions dîner Au clochard céleste, Adèle m'avait dit: "attends, je mets mes escarpins."
L'emploi d'un terme si vieillot m'avait touché. J'avais pensé: j'attendrai pour le frémissement sous la mort qui menace. Heidegger et Van Gogh peuvent aller se rhabiller.

Bush is the monster in me

Vie des empoisonneurs illustres

Plan de Llareggub via Les avant- dernières choses 
J'ai longtemps confondu: Bob Dylan, Dylan Thomas et Thomas Mann.
Pourtant on m'a interdit d'écouter Highway 61 revisited de l'un d'entre eux: une amie s'est trompé à une bifurcation ( à l'intersection du Y grec) et en est morte.
De l'autre, que la montagne est belle, je ne suis jamais allé.
En revanche, j'ai lu avec plaisir Sous le Bois Lacté de Bob Dylan Thomas Mann. Le titre me fait penser à la vache qui rit.




Un cosy reposait un bébé sur un parquet en bois flottant.
Extrait pour l'occasion d'un tableau de Caillebotte,
Torse nu, j'évitais ainsi la main légère l'intervention de la DASS.
Ma belle s'acoquinait avec ses amies à une soirée menthe fraîche.
Et j'avais pour compagnie:
Mog Edwards et Myfanwy Price sincèrement amoureux ne se sont jamais vus et refusent de le faire; la femme du facteur lit toutes les lettres, ouvertes chaque jour à la vapeur; Monsieur Dugh, l'instituteur, a commandé La vie des empoisonneurs illustres pour supprimer son épouse; le boulanger Dai Miche possède deux femmes une diurne et une nocturne. 
Ne pouvais- je rêver meilleure compagnie?
"Nous ne sommes ni tout à fait mauvais ni tout à fait bons
Nous qui vivons à l'ombre du Bois Lacté
Et toi, je sais, Tu seras le premier
A voir nos vertus plutôt que nos vices."

Ce soir- là, par solidarité, je me finissais au mojito.Et
je demeurais six pieds sous- terre jusqu'au retour des belles canailles.

mercredi 30 mars 2011

Une preuve de la lutte des classes


Andy Warhol, Red Lenin, 1984
Avez- vous remarqué que la teneur en chlore est plus importante dans les piscines publiques que dans les piscines d’hôtel?
Une preuve supplémentaire de la lutte des classes.
Dans notre monde sécuritaire, le bourgeois craint également les risques prophylactiques.

"La république de mon esprit se situe à l'extrême gauche de mon imagination." Keynes

Rhésus A+

Les avatars de Vénus

"Comme nos habitudes paresseuses nous font nommer et juger les rues, les destins, les gens, parce que nous cédons toujours à la séduction des mots. Cette jeune fille n'était- elle pas au fond, de toutes celles que de curieux hasards lui avaient fait rencontrer la nuit passée, la plus gracieuse, pour ne pas dire la plus pure? Il ressentait quelque émotion quand il songeait à elle."
"Quand Fridolin passa la porte et se retrouva dans la rue, (...) il fit exprès de prendre un pas plus rapide et plus vif que ne le voulait son humeur du moment." Arthur Schnitzler La nouvelle rêvée

La pharmacopée sexus

« Une assiette de fausses dents compte beaucoup plus pour un américain qu’une miche de bon pain. La séquence est la suivante : mauvais pain, mauvaises dents, indigestion, constipation, mauvaise haleine, frustration sexuelle, maladie et accidents, table d’opérations, membres artificiels, lunettes, calvitie, problèmes de vessie et de rein, névrose, psychose, schizophrénie, guerre et famine. Les américains sont des buveurs de whisky, de gin et de bière qui ont perdu depuis longtemps tout goût pour la nourriture. En perdant cela, ils ont aussi perdu le goût de vivre. Le goût de la joie. De la bonne conversation. Bref, de tout ce qui compte. »
Henry Miller

lundi 28 mars 2011

Principe de plaisir conjugal

Jean Shrimpton, Terence Stamp, 1964 

On board - Taking off

Film de Milos Forman (1971)
Dans la lignée de Zabriskie point d'Antonioni.
Une leçon de piano. Non une leçon de consommation de marijuana par un professeur aux cheveux hirsutes. Taking Off est une satire sociale sur les relations entre générations. Quelques scènes corrosives: la leçon sur la consommation de joints sous l'autorité d'un psychologue et de la police donc ou encore l'apparition endiablée de Tina Turner.
Encore enfumés, abandonnons- nous à un poker déshabilleur! Si nous ne parvenons pas à nous libérer, le conventionnel alcool nous y aidera. La fuite est vaine: les parents n'éviteront pas l'ennui. Les psychologues, la police et nos consciences coupables sauront tous les rappeler à l'ordre.


Pathologie de la ressemblance


Je souffre de la pathologie de la ressemblance.
Un tableau de Lucian Freud, le portrait de Gonzales.
La nuque d'un taxi, Eric Von Stroheim! 
Un sourire de ma belle, les lèvres incarnates de Silvana Mangano.
Parfois, cette inclination peut prendre un visage plus inquiétant: je me guéris par la ressemblance. Lorsque la réalité me brûle les yeux, j'égrène un aconit et ses petits globes noirs enveloppés de pellicules blanches en forme de paupière et me soigne.
En mourir?
Pythagore est bien mort massacré. Poursuivi, par une horde de villageois furieux, il a refusé de traverser un champ de fèvres bien trop ressemblantes à son goût au sexe d'une femme.

Donner le la

dimanche 27 mars 2011

Jamais le dimanche



Félix Vallotton, La paresse, 1896
 

 
 

Brise marine

La chair est triste, hélas! et la libraire a lu tous les livres.

Le vent de l'ignorance


«On voit que le vent ne sait pas lire quand il feuillette les pages d'un livre à l'envers.»
Ramón Gómez de la Serna

jeudi 24 mars 2011

Marijuana girls?


Epoque grossière ou vulgaire?

Principe de plaisir

Quartier de Bloomsbery, Londres

Maison de Duncan Grant, Charleston via Du toit à toi

Ce cercle d’artistes et d’avant-gardistes se sont rencontrés au cours de leurs études supérieures, et ont commencé à se réunir en 1904 dans une maison du quartier de Bloomsbury, à Londres. Se croisent alors, Virginia Woolf, Leonard Woolf, John Maynard Keynes, Robert Fry, Clive Bell, Aldous Huxley, T.S. Eliot, E.M. Forster, Lytton Strachey et Bertrand Russell...

mercredi 23 mars 2011

Pour une théorie de la connaissance adèle - 3

Leslie Caron et sa fille, 1968

Je n'en ai pas fini avec Adèle.
Je l’ai revue par hasard au détour d’une rue. Nous étions à quelques pas d’un parc, nous nous sommes assis, nous avions l’air d’une déclinaison latine.
Autrefois j’aimais prononcer ton prénom. Adèle. Adèle. Adèle.
Tu m’as dit que tu venais d’avoir une enfant. J’ai traduit que tu ne t’appartenais plus. Tu ne m’as pas parlé du géniteur, bien moins important que ta progéniture.
Adèle et Juliette. Tu seras du genre à partager tes fringues avec ta fille.
Je t’ai serré la main en guise d’au revoir. Tu m’as caressé les doigts.
En entendant les trilles des fauvettes, j’ai compris que je ne t’écoutais plus.
J’en ai fini avec Adèle. Mais je lui laisse les derniers maux.

Cherche JF désespérément

The BJM: la vie de Brian

Langage des jambes et séduction

Via Le Dépassionné

mardi 22 mars 2011

Architecture du bonheur



"Sur un banc de verdure sur une hauteur salubre."
Pétrarque

On board - Vai e vem


Va et vient, film de Joao César Monteiro (2002)

" Si Dostoievski avait été directeur d'une banque suisse, ça aurait été une perte irréparable pour l'humanité, mais il aurait ri comme un véritable possédé.
Quoiqu'il en soit, tu es plein d'avenir comme je suis plein de passé."

Pour une théorie de la connaissance adèle - 2

Célia Hammond, 1962
Je n'en ai pas fini avec Adèle.
Adèle, c'est avant tout un adjectif aux sonorités féminines: ce qui ne se montre pas, ce qui se cache.
C'est une terre éloignée balayée par des vents pôlaires qui viennent brûler la cuirasse de marins égarés. C'est une terre plate? Soit Adèle est plate.
Je les ai découvertes sur la pointe des pieds et j'ai tiré sur mes doigts accrochés au rebord terrestre. Cette position du voyeur m'a donné l'envie d'en finir avec la théorie cartésienne de la connaissance: l'idée claire et distincte.
Son bestiaire. Je lui connais un chat.

Adèle avance masquée.
Elle est indistincte.
Elle me procure des sentiments confus.

Pour une théorie de la connaissance adèle - 1

Adèle.
Nous nous étions fait des promesses de Finistère.
Etait -elle plus grande que moi? Je ne me souviens plus exactement. Enfin elle était élancée. Sa soeur était mannequin au Mexique. Je me souviens de ce détail parce qu'elle n'était pas mannequin mais elle était belle et j'aimais regarder sa peau laiteuse. Une fois même, alors qu'elle était de profil, je l'ai imaginée dans son bain au lait d'ânesse.
Adèle était diplômée en psychologie. Un jour, nous étions à une terrasse, nos visages étaient réchauffés outrancièrement par les premiers rais de lumière, nous ne pouvions nous cacher derrière des lunettes noires, elle me dit: je crois trop à la pensée magique.

dimanche 20 mars 2011

Architecture du bonheur

  
Mamilla Hôtel, Jérusalem

De la supériorité des femmes et autres contes

Van Dongen, La femme au canapé, 1930
Quand j'étais nietzchéen (2009),
De la supériorité des femmes (2008),
Orfelin (2010)
J'ai lu les romans d'Alexandre Lacroix dans cet ordre- là. Les histoires se sont superposées. Des moments charnières enchâssés. Des rencontres, des défits d'adolescents, des ratages d'adulte, des nuits d'ivresse et un besoin d'intensite.
Reste cette corde, celle qui a servi à son père à passer le pas. Il reste la marque sur la poutre de la maison familiale. Alexandre Lacroix a besoin d'esthétiser sa vie, faire de sa vie une grande oeuvre. Il se dit pauvre en empathie, dénué d'empathie? Il a besoin de chaleur, de consommer de la peau. Il tire sur la ficelle et l'on découvre avec lui les cruautés de l'existence où chacun tour à tour se fait maître et esclave, marâtre, salaud, père indigne, homme à femme, enfant libre.
Ne pas rire, ne pas pleurer mais comprendre. L'humour d'Alexandre Lacroix met de la distance et permet de vivre les faillites et les recommencements.

samedi 19 mars 2011

Principe de plaisir conjugal

Tony Curtis et Janet Leigh

Principe de plaisir

Trop tard pour la Saint- Patrick. D'ailleurs, la soirée est trop alcoolisée. Profiter plutôt de l'ivresse de la Saint- Jean.
C'est ça attendre la Saint- Jean pour l'inviter.

De risu

On board - 2046


Film de Won Kar Wai (2004)
Valérie  Wang Ji Wen s'ennuyait
Dans les bras de Nicolas Chow Mo Wan
Mais Chow Mo Wan ne le savait pas
Isabelle Tak a attendu, attendu
Mais Patrick le japonais n'est jamais revenu

Les histoires d'amour ont besoin du moment opportun, ni trop tôt, ni trop tard.
Ces rencontres auraient pu suivre d'autres voies dans un lieu différent. Parfois l'on s'habitue à une présence, mais il est déjà trop tard. L'inconnu(e) s'en est allé(e).
Les robes fourreau aux motifs de papier peint mettent en valeur les allures des sylphides; l'air n'y pénètre pas, il se raréfie jusqu'à l'asphyxie. 
Une autre époque serait- elle plus propice An 2046. Une autre chambre que la 2046?
Recevoir des lettres enfiévrées d'un japonais sur du papier aussi fin que du papier à cigarettes, lire des nouvelles de karaté et s'endormir dans un taxi sur un siège de moleskine.   

vendredi 18 mars 2011

Principe de plaisir


De l'art d'allonger son appendice


Conversation entre deux hommes dans les toilettes Chez Michaud
- C'est Zelda. Elle me dit que je ne pourrai jamais rendre une femme heureuse avec ce bout de peau. Je ne suis pas bien monté, me répète- t-elle.
- Montre. Silence. Il est "tout à fait normal."
L'après- midi, lors de la visite du Louvre, Hémingway repense à cette scène avec son ami Francis Scott Fitzgerald. Ils regardent tous les deux une statue grecque. Hemingway se doit d'ajouter qu" au fond, ce n'est pas une question de taille au repos. Cela dépend aussi des dimensions qu'il prend en activité, et c'est aussi une question d'angle (...) Zelda ne cherche qu'à te détruire."
Il aurait pu rajouter: un conseil. Dis- lui qu'avec la ménopause ses dents commenceront à se déchausser et que ses seins si fermes aujourd'hui finiront bien par renoncer à toute cette pesanteur.
Scott, franchement, est- ce que tu l'aimeras toujours lorsque ses seins se feront gants de toilette?
D'après Hemingway Paris est une fête

jeudi 17 mars 2011

Se sentir bien dans la peau de Laetitia

Crystal Renn Elle juillet 2009
"Portrait de Laetitia. Se prête sans se donner. Ne sait pas ce qu'elle veut, mais sait très bien ce qu'elle fait. Ne dis jamais tout à fait non, jamais vraiment oui non plus. Cette fille est une énigme en collant noir. Du charme. Beaucoup de charme.(...) Il faudrait aussi décrire les fesses de Laetitia. Pour aller vite, elle a un beau cul. Entre nous, nous disons "Les hanches de Laetitia"."

Eric Neuhoff Les hanches de Laetitia (Albin Michel)

On board - Poetry


Poetry (2009) de Chang- dong Lee
Une collégienne victime d'un viol collectif, la maladie d'Alzheimer, un travail harassant d'aide à domicile...
C'est ainsi que j'ai tenté de raconter le film à ma douce, il y a trois semaines.  
Ce n'était pas lui rendre hommage. Il faut appréhender l'ouvrage du temps et regarder les événements aux impressions qui demeurent.  
Il est question de douceur de la peau, de résistance par des chapeaux à fleurs, de conversion du regard, et de poésie jusque dans la mort.
J'ai lu que les coréens remplissaient des salles autour de rencontres poétiques.  
A quand du pain, des jeux et des mots bleus?