mardi 17 mai 2011

La fille qui louche



"Lorsque j'étais enfant, j'aimais une fille de mon âge, qui était un peu louche; au moyen de quoi, l'impression qui se faisait par la vue en mon cerveau, quand je regardais ses yeux égarés, se joignait tellement à celle qui s'y faisait aussi pour émouvoir la passion de l'amour, que longtemps après, en voyant des personnes louches, je me sentais plus enclin à les aimer qu'à en aimer d'autres, pour cela seul qu'elles avaient ce défaut; et je ne savais pas néanmoins que ce fût pour cela. Au contraire, depuis que j'y ai fait réflexion, et que j'ai reconnu que c'était un défaut, je n'en ai plus été ému."
René Descartes, lettre à Chanut (6 juin 1647)

5 commentaires:

  1. Bonjour,

    Votre blog est désormais référencé sur le Silence qui parle.

    http://lesilencequiparle.unblog.fr

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  2. Je viendrai vous lire.
    Cordialement

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  3. « Par cela seul que nous imaginons qu’une chose a quelque trait de ressemblance avec un objet affectant habituellement l’Âme de Joie ou de Tristesse, et bien que le trait par lequel celle chose ressemble à cet objet, ne soit pas la cause efficiente de ces affections, nous aimerons cependant cette chose ou l’aurons en haine. »

    Spinoza, Éthique, III, prop. 16

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  4. Lire Spinoza.
    Mais je vous l'ai déjà dit.. mon prochain plan quinquennal.

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  5. Oui, je sais, mais là ça tombait à pic.
    Spinoza a d'ailleurs passé une bonne partie de ses premières années de réflexion à fournir des explications génétiques aux analyses de Descartes.

    Et je constate que Winston (plutôt Smith que Churchill, j'imagine) milite lui aussi pour le Juif hollandais…

    Cinq années ne seront pas de trop, mais je vous conseille, avec Deleuze, de commencer par "la chaîne volcanique des scolies de l'Éthique.
    Et de picorer dans la correspondance, dont une bonne édition vient d'être établie par Maxime Rovère chez G-F.
    Et de vous pencher dur le début du Traité de la réforme de l'entendement (ou de l'amendement de l'intellect, dans l'excellente traduction de Bernard Pautrat chez Allia).

    Et puisqu'il est question de Spinoza, je me permets de vous renvoyer à mon dernier billet.

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